mercredi 30 janvier 2013

Adolescent

Car oui, je ne peux parler de mon métier ou plutôt de mon environnement professionnel sans parler du sujet principal : les adolescents (ou comment enfoncer des portes ouvertes)
Alors je ne suis pas là pour expliquer ce qu’est un adolescent, merci. Mais l’avantage et l’inconvénient de travailler auprès des jeunes, c’est qu’on relativise ou que l’on revit souvent cette « merveilleuse » période obligatoire pendant laquelle on se cherchait en jouant avec les règles et leurs limites, avec plus ou moins de résultats heureux.
Pour vous planter le décor et ne pas vous laisser dans le brouillard quant à certaines de mes réflexions, à ma décharge (…si on veut) j’étais une adolescente très (trop) sage. Trop timide, trop réservée, trop moche pour être populaire, je me laissais gentiment entrainée au grès des jours tout en rapportant de bonnes notes en français et catastrophiques en math (oui bon…) Je stressais à mort pendant les cours de langue car je détestais passer à l’oral, alors que je me faisais remarquer en sport car j’adorais le hand-ball (qui m’a bousillé le poignet gauche à plusieurs reprises) le volley (qui n’a rien arrangé), le badminton, le foot, le basket…je détestais la gym, la course à pied, et surtout le canoë ! (j’en ai fait des cauchemars de cette saloperie)



Ces deux-là ne se sont jamais fait coursés par un cygne fou de rage qui protégeait sa couvée, dans une eau dégueulasse remplie de rats morts et de préservatifs usagés >-<
Mon lycée se réduisant comme peau de chagrin avec les années, j’ai fait mes années avec plus ou moins le même groupe d’amis, qui avec quelques déconneurs, était relativement hétéroclite. Lycée privé de surcroit, donc entrée choisie, éducation religieuse obligatoire et j’en passe et des meilleurs…(oui on avait des sœurs comme profs…de math. Je vous laisse imaginer ma souffrance)
Ma naïveté du collège s’est murée en barrière de silence après le divorce de mes parents. Je dirai ironiquement que ce dernier est tombé à point nommé pour me mettre du plomb dans l’aile et me faire réaliser que rien n’est sûr et que le monde est plus noir que l’on imagine…(surtout à 12 ans où tout parait éternel) Ce n’est que vers 16, 17 ans que j’ai commencé à me conduire comme une fille de mon âge (inutile de sortir les mouchoirs hein, c’est parce que je l’ai bien voulu) : sortir avec la permission de minuit, voyager seule pendant les vacances, et répondre à la question existentielle « mais à quoi ça sert les mecs au fait ? » (Phase ô combien compliquée qui m’a valu les coups les plus bas, les poignards dans le dos et tout ce qui fait qu’à cet âge, votre vie ressemble à un épisode de Dallas)
Avec le recul offert par la vie et ce travail d’assistante d’éducation, j’ai pu réaliser la chance que j’ai eu. Certes, parents divorcés et mère seule pour m’éduquer, ce qui a indubitablement modifié mon rapport aux autres et aux mecs en particulier, ce n’était pas toujours rose. Pas énormément d’argent, même si je n’ai jamais manqué de rien, pas de fringue à la mode, pas de sorties intempestives, pas – jamais – dans le coup, je me suis toujours sentie en décalage par rapport au reste du monde. (Décalage qui subsiste encore aujourd’hui)
Cette « dureté » apparente m’a appris à rester dans les rails. D’éviter les excès, quel qu’ils soient, de réaliser l’importance de la politesse, de la structure de la vie en société…je sais donc quand me conduire comme il faut face à des inconnus, je respecte mes aînés et mes supérieurs hiérarchiques (même quand ces derniers sont de parfaits abrutis…) je sais quand râler et quand me taire (même si ça…c’est sans doute le plus dur avec mon si « charmant » caractère) Ce sont les bases élémentaires qui m’ont été inculquées et qui me permettent d’avancer. Aujourd’hui, ces bases semblent avoir été oubliés par une certaine catégorie d’adolescents.


Ouais, c'est comme dans Friends !....c'est-y pas beau ça madame ?
Heureusement, cela reste une minorité ! 90% des élèves que je croise sont polis, aimables, travaillent bien ou ont leur maximum, vivent leur vie avec une insouciance (que je leur envie) tout se passe dans le meilleur des mondes…mais en tant qu’A.E (Assistante d’Éducation pour ceux qui ne suivent pas), nous faisons plutôt face au 10% restant. Les ados à problème, en perte de repères, en manque affectif, et qui hurler leur douleur à la face du monde, crache sur les règlements et les limites de la vie en communauté. C’est une constance de cette période. Les ados se cherchent et leurs trouvailles feront d’eux les adultes de demain. (Cela fait sans doute vieux jeu de dire ça mais en l’état actuel, je crains pour l’avenir de ces futurs adultes)
Comme dit dans mon pamphlet contre l’utilisation du portable au sein d’un établissement scolaire, la nouvelle génération est la génération « Apple ». La technologie. Plus que nous, elle fait partie du décor. Grâce à elle, plus besoin de chercher, plus besoin de bouger, plus besoin de lire ou d’aller à la bibliothèque, plus besoin de discuter pour se trouver des amis ni même pour s’engueuler, plus besoin de s’inquiéter pour l’orthographe…le monde des adultes – et du travail par extension – est déjà difficile à appréhender pour les gens issus de la génération Y dont je fais partie. Les beaux diplômes ne servent plus à rien, la crise faisant, notre sacrifice aidera – peut-être – à la reconstruction économique, mais que restera-t-il pour ces jeunes qui n’ont jamais eu à se fatiguer pour obtenir les informations nécessaires ? La déesse technologie, dans sa grande mansuétude, les a baigné de son savoir, mais ne les a-t-elle pas en ce sens, privé de leur curiosité naturelle ? Comment s’adapteront-ils aux futures catastrophes s’il suffit d’un bouton pour changer de chaine ? Et comment feront-ils, le jour où leur fée technologie viendra leur tourner le dos ?
Tout ceci est fort pessimiste, mais je sais que dans le lot, il y a nos futurs chercheurs, nos futurs historiens, nos futurs médecins, nos futurs professeurs…s’il suffisait d’un doute ou des facilités offertes par le progrès pour nous déstabiliser, l’humanité se serait auto-détruite depuis longtemps ! (et ce n’est pas faute d’avoir essayé) Comme souvent, les ados que je croise s’en sortiront. Et m’écraseront de leur savoir. Heureusement pour nous. Heureusement pour notre avenir. (….et surtout heureusement pour nos retraites !)

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